Sahara : paysages + flore et faune + géologie

Sahara : paysages + flore et faune + géologie

Sahara, en arabe, ou ténéré, en tamasheq (langue touareg), signifient « désert ». D’une superficie de 8,5 millions km2, le Sahara est le plus grand désert du monde. Il traverse le continent africain de l’Atlantique à la mer Rouge, formant une large bande depuis les rives de la Méditerranée jusqu'au lac Tchad.

Une dizaine de pays sont situés en zone saharienne : le Maroc et le Sahara occidental, la Mauritanie, le Mali, l’Algérie, la Libye, la Tunisie, l’Égypte, le Soudan, le Tchad, le Niger.

Terre de contrastes démesurée, le Sahara n’est pas qu’un désert de sable. Ce sont aussi des chaînes de montagnes, des plateaux, des reliefs ruiniformes, des massifs dunaires, des plaines et des dépressions, des oueds et des oasis...

Les mots des paysages sahariens

Dune : erg (arabe), edehi (touareg). Désert de sable produit par l’érosion. Le vent modèle inlassablement les dunes, qui peuvent dépasser 300 mètres de hauteur. Le désert de sable couvre 20 % de la surface du Sahara.

Guelta (arabe), aguelmam (touareg) : bassin naturel formant une réserve d’eau permanente ou intermittente.

Montagne : adrar (touareg). À l’ère tertiaire et à l’ère quaternaire, les reliefs se sont formés sous la poussée volcanique qui a secoué le socle originel. Il en résulte une géologique tout à fait singulière.

Plaine : reg (arabe), ténéré (touareg). Ces immenses étendues de graviers et de cailloux forment le type de paysage saharien le plus répandu. Les ténérés, particulièrement inhospitaliers, sont de véritables déserts dans le désert : pas une herbe, pas un insecte, toute vie y semble interdite.

Oasis (arabe) : îlot de végétation, créé et mis en culture par l’homme grâce aux techniques d’irrigation.

Oued (arabe) : cours d’eau. Au Sahara, ce terme désigne plus généralement le lit des oueds formant vallée. Le plus souvent à sec, l’oued se remplit occasionnellement lors de fortes pluies, emportant tout sur son passage.

Plateau : hamada (arabe), tassili (touareg). Les hamadas désignent généralement des plateaux calcaires, peu ou pas entaillés. Les tassilis sont des massifs gréseux, très érodés, souvent bordés de hautes falaises et entaillés de profonds canyons creusés par les oueds. Ces massifs ruiniformes offrent par endroits l’aspect d’impressionnantes « forêts de pierre ». Les tassilis servirent de refuge aux premiers hommes établis au Sahara, comme en témoignent les innombrables sites rupestres datant des âges néolithiques. Ainsi le Tassili n’Ajjer (Algérie, patrimoine mondial) et l'Acacus (Libye, patrimoine mondial), l’Ennedi (Tchad), l'Adrar des Ifoghas (Mali)... abritent-ils de véritables musées à ciel ouvert : parois et dalles gravées, abris-sous-roche peints…

Sebka (arabe) : ancien lac asséché formant une cuvette couverte de sols salins. Les rives de ces anciens lacs portent fréquemment les traces des plus anciens établissements humains au Sahara (matériels lithiques…).

Flore

Au Sahara, la végétation se réfugie le plus souvent dans les lits d’oueds. Elle a développé des caractéristiques de type xérophile pour s’adapter au milieu désertique et recueillir toute trace d’humidité ou contenir le sel : longues racines, feuilles réduites à l'extrême et épaisses, cireuses ou duveteuses, en écailles ou laissant place à des épines.

* La flore de souche saharo-arabique domine, mais elle est peu diversifiée : elle est essentiellement représentée par Calligonum et les Zygophyllacées.

La flore saharienne conserve en outre des espèces de souches méditerranéennes et tropicales, témoins des changements climatiques survenus au cours des millénaires.

* Les espèces de souche méditerranéenne représentent encore près de la moitié de l’endémisme saharien. Le célèbre cyprès du Tassili ou de Duprez est une population relique de l’ancienne forêt du plateau des Ajjer, au sud-est du Tassili. Ces arbres millénaires – dont environ 130 individus vivants subsistent – sont réputés avoir vu les derniers peintres de l'âge néolithique au Tassili n’Ajjer.

* Les espèces de souche tropicale se rencontrent fréquemment. 

Les plantes et arbres procurent de multiples ressources aux habitants du Sahara : nourriture pour les hommes et les animaux, base de la pharmacopée traditionnelle, combustible et matériaux nécessaires à l’habitat et à la fabrication artisanale d’ustensiles.

Emblématique du désert et surtout des oasis, le palmier dattier fut introduit par les Arabes. Dans les oasis – îlots de végétation créés par l’homme –, il abrite les zones de cultures étagées et aménagées en une mosaïque de jardins : l’ombre du dattier protège les arbres fruitiers, dont l’ombre abrite à son tour les cultures maraîchères…

Faune

Comme la végétation, la faune saharienne est adaptée au milieu désertique et développe ses propres stratégies pour résister à la chaleur et au manque d’eau.

La faune saharienne évoque évidemment les insectes comme les scorpions ou les scarabées, et les reptiles : vipères et lézards (fouette-queues, varans ou agames), surtout présents pendant les périodes chaudes (peu de risque d’en rencontrer au cours des randonnées, qui se déroulent en hiver).

Les mammifères sont bien représentés par les mouflons à manchette (zones de montagne), les gazelles (espaces ouverts, oueds et regs), les fennecs, chacals, les lièvres et les petits rongeurs tels que les damans, goundis, gerboises… dont on observe facilement les traces. Les antilopes oryx et addax sont en voie d’extinction.

On trouve même plusieurs espèces de batraciens et de poissons (tilapias, barbeaux…) réfugiées dans quelques gueltas et dans les oueds permanents de la vallée d’Iherir (Tassili n’Ajjer). Le crocodile du Nil, signalé à Iherir par Duveyrier en 1867, semble avoir définitivement disparu du Sahara, précisément à Iherir, en 1924.

Les oiseaux : les grands points d’eau (aguelmam du Hoggar, par exemple) accueillent les migrateurs. Très présent aux abords des campements et bivouacs, le célèbre moula-moula, traquet noir et blanc, est surnommé le « compagnon des voyageurs ». Les oasis accueillent bruants et tourterelles.

L’animal le plus emblématique du désert reste le dromadaire, introduit au Sahara vers 500 avant J.-C. et généralement appelé « chameau ». Particulièrement réputé pour son rôle indispensable dans le commerce caravanier depuis le Moyen Âge jusqu’aux années 1970, il présente une résistance exceptionnelle à la chaleur et à la soif : il peut se dispenser de boire durant plusieurs jours, même par une température de 50 °C. C’est une bête de somme appréciée, capable de porter jusqu’à 250 kilos de charge sur de très longues distances. Le dromadaire peut aussi être dressé en animal de selle.

Formation des paysages : un paradis pour géologues

Ère primaire (540-245 millions d’années BP [before present : par convention, avant 1950])

- 430 millions d’années (MA) : centré au pôle Sud, le Sahara est couvert d’un immense inlandsis. En témoignent les vallées glaciaires, dépôts morainiques, tillites (conglomérats) ou grès ordoviciens (500-435 MA).

- 400 MA : le continent africain dérive vers le nord et le climat se réchauffe. Le Sahara, plat, est parcouru de nombreux cours d’eau qui déposent leurs sédiments dans des chenaux peu profonds. Les grès dévoniens – aux strates obliques ou entrecroisées – se constitueront à partir des bancs de sable qui encombrent ces chenaux. Au Dévonien (395-345 MA), le Sahara est sous la mer ; il reçoit des dépôts argileux, gréseux et calcaires, qui formeront les réservoirs pétroliers.

- 300 MA : la plaque africaine poursuit sa dérive vers le nord. Le Sahara est toujours immergé, il atteint les latitudes tropicales.

Ère secondaire (245-65 millions d’années)

- 140 MA : la mer se retire du Sahara. Des couches gréseuses se déposent, renfermant ossements de reptiles et troncs d’arbres silicifiés.

- 100 MA : le Sahara est de nouveau immergé. Les dépôts calcaires du Crétacé supérieur, renfermant coquilles et fossiles d’oursins, seront érodés par la suite.

Ère tertiaire (65-1,8 millions d’années)

- 40 MA : le Sahara est définitivement émergé.

- 30 MA : la plaque africaine approche sa position actuelle, entraînant une série de phénomènes tectoniques qui aboutissent à la formation des reliefs : chaînes de montagnes et éruptions volcaniques.

- 20 MA : formation des massifs du Hoggar (Algérie) et de l’Aïr (Niger). Leur couleur typiquement bleutée et la forme des sommets indiquent leur origine volcanique, comme le dôme du Tahat (2 918 m), point culminant du Hoggar et de l’Algérie.

Ère quaternaire (depuis 1,8 million d’années)

Le Sahara connaît une alternance de climats chauds et froids, arides et humides, qui repoussent les limites du désert tantôt vers le sud, tantôt vers le nord.

- 20 000-14 000 ans BP : le Sahara est un désert hyperaride, très étendu vers le sud.

- 12 000-11 000 ans BP : le climat se radoucit. Le désert régresse ; la limite sud du Sahara remonte vers le nord. Le désert occupe alors la moitié de sa surface actuelle.

- 8 000 ans BP : la phase de climat humide se poursuit et atteint son niveau optimal. Le Sahara est couvert de steppe et de savane, les cuvettes sont occupées par des lacs.

- 6 500 ans BP : début du réchauffement, mais le Sahara reste relativement humide. Entre 6 500 et 4 500 ans BP : épanouissement de la faune éthiopienne et établissement des sociétés pastorales.

- 4 500 ans BP : l’aridification se poursuit.

- 2 500 ans BP : le désert atteint globalement son extension actuelle.