Le Tassili n'Ajjer + Djanet

Le Tassili n'Ajjer + Djanet

Mosaïque de paysages époustouflante, le Tassili n’Ajjer est un terrain propice à la randonnée, dont une partie ne peut même être explorée qu’à pied ! Mais le Tassili est aussi un véritable musée de la préhistoire à ciel ouvert : il abrite, en effet, l’un des plus vastes ensembles d’art rupestre néolithique du monde !

Dénommé « plateau des rivières » par les Touareg (tassili signifie « plateau »), cet immense massif gréseux, long de 750 kilomètres et large de 60 à 100 kilomètres, s’étend sur quelque 120 000 km2 (1/5e de la superficie de la France). Situé sur le tropique du Cancer, aux confins sud-est de l’Algérie, il fait frontière avec la Libye (à l’est, la Tadrart trouvant son prolongement dans l’Acacus en Libye) et le Niger (au sud, début du Grand Ténéré).

Le Tassili n’Ajjer présente des reliefs extrêmement variés : plateaux monolithiques culminant entre 1 400 et 2 000 mètres d’altitude, percés de canyons bordés de falaises vertigineuses (les fameux labyrinthes de pierre) ; piémont (pré-Tassili) peu à peu enseveli par le sable, d’où jaillissent de spectaculaires pitons sculptés par le vent ; dédales d’oueds asséchés ; regs ou plaines infinies (ténérés) ; massifs dunaires de l’erg Admer et de la Tadrart dominant d’anciens lacs disparus.

Ce milieu devenu désertique fut pourtant habité depuis la nuit des temps... quand la région était encore couverte d’une savane giboyeuse. C’est ainsi que les rives des anciens lacs livrent des gisements archéologiques témoignant des cultures matérielles des tout premiers hommes (galets aménagés, silex taillés, poteries…). Sur les plateaux, au long des canyons creusés par l’eau, parois et abris-sous-roche autrefois peuplés de chasseurs et de pasteurs restent constellés de plus de 15 000 gravures et peintures relatant, avec une délicatesse extrême, l’histoire du Sahara depuis le néolithique jusqu’aux premiers siècles de notre ère. Les versants des piémonts révèlent quant à eux divers types de tumulus funéraires protohistoriques.

Aujourd’hui, le Tassili doit son nom à la tribu touareg des Kel Ajjer qui habite la région depuis des temps ancestraux.

L'eau, devenue rare depuis plusieurs millénaires, ne coule plus guère en permanence que dans la vallée d’Iherir, au nord au Tassili n’Ajjer, où elle donne vie à une oasis merveilleuse, havre niché au creux d’un canyon aux parois vertigineuses (photo ci-dessus : Idharen, vallée d'Iherir, déclarée zone humide d’importance internationale). Ailleurs, réfugiée sous le lit des oueds, l’eau alimente une végétation composée d’espèces saraho-arabiques adaptées au milieu désertique, mais aussi de souches méditerranéennes et tropicales qui sont autant de vestiges des climats anciens. Mais si, à Djanet, la capitale des Ajjer, l’oued Idjeriou (« la mer » en touareg) ne coule que rarement – en cas de fortes pluies –, il se déploie en une palmeraie-fleuve majestueuse longue de huit kilomètres et riche de quelque 30 000 dattiers abritant eux-mêmes une multitude de vergers et jardins…

Le parc national du Tassili n'Ajjer, patrimoine mondial

Doté d’un patrimoine naturel et archéologique inestimable, le Tassili n'Ajjer est un site majeur pour l'humanité au regard de la qualité et du nombre des œuvres rupestres néolithiques qu’il renferme. Les deux tiers de son territoire sont protégés au titre de parc national.
Le parc national du Tassili n’Ajjer est le deuxième parc national d’Algérie par sa superficie et l’un des plus importants dans le monde.

L’Office du parc national du Tassili (OPNT) est chargé de gérer le parc et de protéger, conserver et mettre en valeur le patrimoine culturel et naturel du Tassili. L’OPNT a son siège à Djanet et est représenté à Bordj El Haoues (ex-Fort-Gardel) et Illizi.

Djanet, capitale des Ajjer

 

Djanet se déploie tout en longueur dans l’ample vallée de l’oued Idjeriou, bordant la palmeraie-fleuve qui déroule son ruban de verdure entre les falaises. À 1 050 mètres d’altitude, cette situation assure à l’oasis un climat relativement clément par rapport au reste du Sahara central. Alger est à plus de 2 000 kilomètres...

Directement reliée à l’aéroport international (distant d’une trentaine de kilomètres), Djanet est le point de départ de toutes les expéditions dans le Tassili n’Ajjer : l’oasis présente l’avantage d’être au cœur du Tassili, à proximité des sites les plus remarquables ! Il fait bon flâner dans Djanet, s’y rafraîchir à l’ombre de la palmeraie, déambuler dans les ruelles aux maisons ocre ou blanches soulignées de bleu, visiter les artisans et savourer son rythme tranquille en sirotant un thé sur une terrasse… Aux heures où le soleil vient raser les crêtes alentour et baigner l'oasis d'une lumière d'or, c'est tout simplement une splendeur !

Signifiant « paradis » pour les uns, « chamelle penchée » pour d’autres, Djanet, la "perle du Tassili", continue d’alimenter bien des légendes. Quoi qu’il en soit, trois ksour (aghrem en touareg, c’est-à-dire « villages ») sont à l’origine de l’agglomération depuis le Moyen Âge : Zelouaz (le plus ancien), El Mihan (superbement restauré) et Djahil (dans la palmeraie, le seul établi sur la rive droite de l’oued, à gauche de la route en entrant dans Djanet).

Accrochés aux versants des montagnes, ces vieux villages de pierre et de terre préservaient la terre fertile de la palmeraie et étaient épargnés par les crues qui emportent tout sur leur passage. Leur position éminente permettait également d’assurer la surveillance des trésors de l’oasis : la palmeraie et les jardins qu’elle abrite. Tout y pousse : fruitiers, cultures vivrières destinées surtout à la consommation familiale, fourrage pour le bétail. Sans oublier que Djanet était et demeure un passage important en direction de Ghât, en Libye, où les habitants de Djanet ont forcément des cousins…

Devenu Fort-Charlet de 1915 à 1962, Djanet est désormais le siège d’une daïra (sous-préfecture) de la wilaya d’Illizi. L’agglomération compte aujourd’hui plus de 15 000 habitants, et plusieurs quartiers neufs poursuivent leur expansion, reliant les anciens villages entre eux et progressant le long de la route, toujours du même côté de la vallée.